J’aurais
aimé être sommelier
La nature m’a ainsi faite, ce métier m’était
interdit,
Mes papilles étaient muettes, j’étais atteinte « d’Agueusie »
Bien sur, ne pas avoir le goût, entre nous, il y a plus
tragique
Mes autres sens comptaient beaucoup, mais n’entraient
pas dans la logique
J’étais attirée par le vin, les barriques
et les bouteilles,
Et j’aurais aimé, c’est certain tester le
bon jus de la treille,
Je regardais le sommelier percer les secrets du breuvage,
Au fond de moi je l’enviais et souvent j’en pleurais
de rage.
Dans le petit laboratoire ce restaurant étoilé
Il transcrivait toute l’histoire de ces crus tant appréciés.
Le corps l’amertume, la souplesse, le goût, la
couleur, le bouquet
Son age, son nom, sa noblesse, son éclat, sa viscosité.
Et les arômes de violette, de framboise, de réséda,
Ou ceux aussi de noisette, de l’abricot, de l’acacia.
Ses lèvres ouvertes en cul de poule, tout doucement,
il aspirait
Le liquide emplissait sa bouche, ses gencives et son palais.
Il notait tout sur un bloc-notes, en lisant, je m’instruisais
L’un avait une jolie robe, cet autre était bien
habillé.
Parfois il avait de la cuisse, de l’estomac ou du gilet.
Il pleurait ! Mais sans être triste, ou récitait
son chapelet.
Un jour, je vis un carafon abandonné dans la resserre,
Du St Amour, ou du Morgon, du Châteauneuf ou du St Pierre
?
Et comme je l’avais vu faire, je respirais profondément…
Il a un relent de serpillière ! … Criais-je immédiatement.
Tu as un odorat parfait, le mien a pris de la bouteille.
Si tous deux on s’associait, nous pourrions faire des
merveilles,
Et devant mon air ébahi, ce fin dégustateur me
dit,…c
« il y a des milliers d’odeurs, pour seulement quatre saveur »
Je suis donc devenue le nez… puis la moitié d’un
sommelier.
Madame
Jacquie CAUVIN-SIVAN
(femme de vigneron de Provence)
21 Faubourg Notre – Dame 83 210 Solliés- Pont
Téléphone : 04 94 28 82 37
Prix Marquise de Sévigné pour
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